Jean-Douglas Comeau
Le vice-recteur au Recrutement et aux Partenariats, Hughie Batherson, a d’abord présenté Dr Jean-Douglas Comeau qu’il a décrit comme un visionnaire et un pionnier du célèbre programme d’Immersion de l’Université Sainte-Anne.
« Leader exceptionnel pour tous ceux et celles qui ont eu la chance de travailler dans les écoles d’Immersion, Jean-Douglas a su créer un esprit fantastique et une appartenance sans pareille à l’Université Sainte-Anne pour les centaines d’anciennes et anciens animateurs, professeurs et autre personnel d’appui, et ce, depuis 45 ans. Un visionnaire bâtit son équipe pour appuyer sa vision », a constaté Hughie Batherson. Et que dire des milliers d’étudiantes et étudiants venus apprendre ou approfondir leurs connaissances de la langue française sur le campus de Pointe‑de‑l’Église.
Jean-Douglas Comeau est initiateur du rapprochement entre la Louisiane et la Baie Sainte-Marie et même de l’Acadie, estime le vice-recteur. « En 1988, Jean-Douglas Comeau a accueilli le premier étudiant louisianais à notre école d’Immersion et depuis, il travaille avec ténacité pour établir des liens, bâtir une culture d’échange et accueillir nos cousins cajuns. Il y a eu plus de 1000 Louisianais qui ont fréquenté l’Université Sainte-Anne, ce qui a rendu notre institution très distincte sur les plans de la notoriété et de la visibilité en Louisiane. »
Hughie Batherson a de plus mentionné le projet du sentier dans le Petit-Bois, sur le campus de l’Université. « En 1989, ce n’était qu’une forêt abandonnée et impraticable après des décennies de négligence. M. Comeau a eu l’idée d’impliquer les étudiants d’Immersion en été et au printemps dans un projet de réanimation du Petit-Bois, le site d’anciens campements des prêtres du Collège Sainte-Anne. Depuis, plus de 1500 étudiants ont offert leur main‑d’œuvre à faire des sentiers et à planter des arbres et des fleurs afin de permettre aux autres de profiter de ce Petit‑Bois historique. » M. Comeau est aussi responsable de la construction du gazebo qui s’y trouve.
« Son impact le plus important demeure le fait qu’il y a des milliers de francophiles éparpillés partout dans le monde qui se sont ajoutés à la belle francophonie, a poursuivi Hughie Batherson. Son programme d’Immersion s’est développé selon une approche très scientifique où il a pu créer une ambiance divertissante et militante à la fois. C’est cette formule magique qui amenait les étudiants à s’épanouir en français tout en s’amusant. Donc, pour son engagement exceptionnel, pour ses énormes services rendus à notre institution, pour sa vision, pour son ouverture sur le monde, pour sa générosité envers l’Université Sainte-Anne et pour l’ensemble de son œuvre, je vous demande de décerner le titre de Doyen honoraire au docteur Jean‑Douglas Comeau. »
En s’adressant aux étudiantes et étudiants finissants, Jean-Douglas Comeau a pour sa part rappelé que, il y a 48 ans, il était à leur place après avoir passé à Saint-Alphonse dans une école d’une seule pièce avec un poêle à bois et pas de bibliothèque. Il a commencé ici à Sainte-Anne dans le cours classique à l’âge de 13 ans en 1959, à une époque où 70 % des étudiants venaient du Québec et avaient avec un français parlé très différent. Il dit avoir persévéré après s’être dit qu’il n’allait pas réussir. « J’ai persisté et j’ai fini le cours classique, j’ai fait un baccalauréat ès arts et j’ai étudié à la Sorbonne en France, à Millbury (É.-U.) et j’ai obtenu un doctorat de l’Université de Toulouse. »
Il a indiqué aux finissants que, dans la vie, pour réussir, il faut les trois « P » : la persévérance, la patience et le pardon facile, les invitant à ne pas lâcher dans leurs projets. Il a tenu à remercier les Pères eudistes qui lui ont donné sa formation ainsi que l’Université Sainte-Anne pour sa belle carrière. « J’ai connu six recteurs ici et j’ai appris que tout va toujours tomber en place. »
Barry Jean Ancelet
Clint Bruce, professeur et titulaire du Centre d’études acadiennes à l’Université, a présenté Dr Barry Ancelet. « M. Ancelet s’est toujours montré un ami indéfectible de notre institution et de la région de la Baie Sainte-Marie, a dit Clint Bruce, tout comme il s’est toujours fait un allié de l’Acadie tout entière et de la francophonie nord-américaine dont sa Louisiane fait partie. »
Ethnologue et folkloriste, écrivain et auteur-compositeur, chercheur et animateur culturel, Barry Jean Ancelet est né en 1951 dans une autre Pointe-de-l’Église, dans le Sud de la Louisiane. Il a grandi à Lafayette et a étudié à l’Université de Nice, à l’université du Sud-Ouest de la Louisiane, à l’université d’Indiana (maîtrise en Folklore) et à l’Université d’Aix-en-Provence (doctorat).
« Chercheur engagé, ardent défenseur de la spécificité cadienne et créole de la Louisiane, M. Ancelet croit fermement qu’une culture ne se “préserve” pas, elle doit respirer et se renouveler. Ses multiples rôles lui ont permis de cultiver la relève de la création culturelle en Louisiane francophone. Ici à Sainte-Anne, il se retrouve chez lui. Alors que ses séjours dans la région remontent aux années 1970, il a maintenu une présence régulière dans cette communauté et dans cette institution (Sainte-Anne), tout particulièrement à travers le programme d’Immersion où son épouse, Caroline, a enseigné et par lequel sont passés leurs cinq enfants, tous francophones. C’est dans ce même esprit qu’il a souvent été un ambassadeur de notre université. Ce chercheur louisianais de renommée internationale — Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française — aime ce coin de la Nouvelle-Écosse. Pour son côté innovateur, pour les énormes services rendus à sa communauté, pour son attachement à l’Acadie et à la francophonie, pour son ouverture sur le monde, pour l’ensemble de son œuvre, je demande de décerner un Doctorat honorifique en études acadiennes au professeur Barry Ancelet », a conclu Clint Bruce.
Pour sa part, le professeur Ancelet est très reconnaissant et profondément touché par l’honneur. « J’ai un grand amour et un grand respect pour Sainte-Anne et la Baie Sainte-Marie. J’ai aussi beaucoup appris ici dans ce laboratoire remarquable de culture et de linguistique. La première fois que j’ai visité la Baie, c’était au printemps de 1978. C’était le début d’une belle relation. À travers les années, plusieurs personnes m’ont invité à plusieurs reprises à travailler avec le Centre d’études acadiennes et à faire des présentations pour les étudiants et pour le public de la région. »
Il a louangé le programme d’Immersion et le travail de Jean-Douglas Comeau. « Des centaines de Louisianais et Louisianaises ont démarré leur langue française ici pour pouvoir communiquer dans la langue de leur héritage en termes d’affaires, de culture, de chanson, de vie quotidienne. J’ai eu l’occasion, pendant plusieurs instituts d’été, de travailler avec des étudiants d’ici pour explorer la spécificité du français acadien et de la culture qu’elle exprime. En dehors de l’Université, j’ai eu le bonheur de développer des amitiés avec des enseignants, des pêcheurs, des bûcherons, des chanteurs, etc. Plusieurs groupes louisianais ont joué au Festival acadien de Clare. Nous avons marché dans votre Tintamarre et plusieurs gens d’ici ont couru notre Mardi gras. Je suis tombé tellement en amour avec cette région que j’ai acheté un terrain au Lac‑à-Victor pour pouvoir dire que j’ai une place à la Baie. »
Aux finissantes et finissants de l’Université, il a laissé quelques conseils. « Collaborez autant que possible, le travail en équipe élargit les perspectives, et la coopération sociale fait partie de notre ADN culturel. Considérez que l’univers est composé d’une infinité de localités. Rappelez-vous qu’il n’y a pas de répartitions pour la vie. Tout est improvisation. Gardez-vous toujours en position d’être surpris. Comme ça, vous risquez de découvrir ce que vous n’auriez pas pu imaginer autrement. Et finalement, bonne chance, ça en prend de ça aussi, mais comme mon père disait “on fait sa chance”. Faites la vôtre et avec confiance ! »